Dans les pas de l’entrepreneure sociale Danièle Sassou Nguesso
Danièle Sassou Nguesso, qui êtes-vous en quelques mots ?
Je suis une citoyenne congolaise, d’origine gabonaise, née à Dakar en 1976, d’un père médecin et d’une mère pharmacienne. J’ai passé eu l’opportunité de grandir entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, avant de m’envoler pour l’Europe, où je poursuivrai mes études. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’intègre l’Ecole Supérieure des Opticiens de Paris d’où je ressortirai diplômée en optique.
Ce parcours académique m’a permis de rapidement intégrer des entreprises de renom où j’ai eu l’opportunité d’acquérir et de développer mes compétences. Mon expérience professionnelle parisienne, aussi passionnante soit-elle, a attisé ma fervente volonté de mener à bien un projet entrepreneurial au service du développement en Afrique. J’ai donc naturellement pris la décision de rentrer au Gabon, mon pays d’origine, pour y créer le groupe paramédical Optical, qui verra le jour en 2003, fort aujourd’hui d’une présence dans 5 métropoles africaines.
Les réalités des sociétés africaines m’ont néanmoins amené à une réflexion plus profonde, notamment quant à la condition des femmes, qui sont encore trop souvent confrontées à une discrimination institutionnalisée, se traduisant au quotidien par du harcèlement sexuel, des violences physiques et psychologiques, tant dans la sphère publique que privée.
La création de la Fondation SOUNGA en 2015, s’est donc naturellement imposée à moi comme un devoir, pour accompagner les femmes dans leur autonomisation, une initiative à laquelle je suis très attachée, car je reste profondément convaincue que le développement de l’Afrique deviendra une réalité, qu’au travers de la reconnaissance du rôle incontournable des femmes.
Pouvez-vous nous en dire davantage concernant la Fondation SOUNGA ?
J’ai impulsé la création de la Fondation SOUNGA, une organisation à but non lucratif que j’ai l’honneur de présider à ce jour, en 2015, à Brazzaville, en République du Congo. L’ambition de SOUNGA, dont le nom signifie « aide » en lingala, est d’accompagner les femmes congolaises dans leur épanouissement personnel, grâce à différents projets leur permettant de saisir de nouvelles opportunités, mais surtout de développer leur leadership, afin de s’affranchir définitivement des pesanteurs sociales qui les relèguent au ban de la société.
Nous nous inscrivons comme un acteur complémentaire au réseau existant d’organisations venant déjà en aide aux femmes du Congo, notamment au travers d’opérations de lobbying auprès des pouvoirs publics, mais également la mise en place de projets destinés à renforcer les capacités économiques des femmes, de manière concrète, afin de promouvoir l’autonomisation des femmes, une condition que nous considérons comme essentielle pour un développement durable.
Si nous sommes aujourd’hui une organisation encore jeune, nous nourrissons de grandes ambitions, afin de renforcer nos actions existantes et développer de nouveaux projets.
Quels sont les projets phares de la Fondation SOUNGA ?
Nous avons développé des projets d’accompagnement, afin que chaque femme puisse prendre conscience de ses potentialités et développer de nouvelles compétences : l’incubateur « Sounga Nga », le « Label Genre Sounga », mais également les Focus Groups Sounga, avec pour ambition de doter les femmes d’outils pérennes pour évoluer au sein de la société.
L’incubateur « Sounga Nga » est un dispositif unique que nous avons mis en place, qui a la particularité d’être exclusivement à la disposition de femmes porteuses de projets ou désireuses de se lancer dans l’entrepreneuriat. Ce processus propose à chaque femme, une session de formation de 6 semaines, durant lesquelles elles seront formées à la comptabilité, au marketing ou encore aux techniques de vente, afin de disposer de l’ensemble des outils pour appréhender la création d’entreprise . « Sounga Nga » permet à chaque femme porteuse d’un projet pérenne, de se voir octroyer un prêt d’amorçage lui permettant de développer ses activités.
Le Label Genre Sounga est quant à lui un système de notation innovant destiné à promouvoir la représentativité des femmes en environnement professionnel au sein des organisations publiques et privées au Congo. Basé sur un partenariat avec les pouvoirs publics congolais (Ministère de la promotion de la femme, le Ministère de l’action sociale, le Ministère du travail et le Ministère de l’enseignement supérieur), ainsi que différentes organisations patronales, ce processus non coercitif a pour principale ambition d’impulser de bonnes pratiques de gouvernance en entreprise.
Enfin, nous nous attelons chaque année à déployer les Focus Group Sounga sur tout le territoire national, afin de prendre le pouls des conditions de la femme au plus près de leurs réalités. Les Focus Group Sounga représentent un véritable outil d’évaluation des besoins et des réalités socio-culturelles, nous permettant de réévaluer ou d’impulser de nouveaux projets à destination des femmes, tout en rapportant nos activités auprès de autorités, afin de les inciter à entreprendre des axes d’amélioration.
Quelles sont les perspectives à venir pour la Fondation SOUNGA ?
Nous entendons redoubler d’innovation, afin de maintenir le développement des projets existants, pour lesquels nous avons entrepris d’importantes améliorations. Cette année marque tout d’abord le déploiement du Label Genre de manière concrète, qui a déjà reçu, rappelons-le, un accueil très positif de la part des organisation internationales, notamment du Parlement Panafricain, qui l’a inscrit en tant que recommandation dans sa feuille de route. Dans la continuité de son développement sur le territoire national, nous envisageons naturellement son déploiement dans la sous-région, avec le concours des instances internationales.
L’incubateur Sounga Nga, quant à lui, pour lequel nous travaillons sur la quatrième édition, bénéficiera d’une édition à Pointe Noire, afin de répondre aux sollicitations de nombreuses femmes dans cette région du pays. Cela représente pour nous une immense fierté de voir l’incubateur évoluer vers d’autres régions, mais cela s’inscrit également dans la dynamique économique de la ville de Ponte Noire. Nous espérons que ce premier développement, nous permettra d’une part d’apprendre les spécificités locales, afin de faire de Sounga Nga un outil flexible et au plus près des évolutions de chaque région, avec une offre de formation adaptée. Cela nous mène naturellement à réfléchir au déploiement de ce projet à l’international, Sounga Nga ayant suscité l’intérêt d’autres organisations féminines souhaitant adopter ce modèle dans différents pays africains.
Enfin, nous avons bien évidemment d’autres projets en cours de développement, mais nous souhaitons préalablement accroître nos actions de lobbying à l’international, afin de promouvoir nos travaux dans le but de bénéficier de financements qui nous permettront de donner une nouvelle dimension à nos actions et nous positionner comme l’interface privilégié en Afrique pour les questions ayant trait aux questions de genre.
Quels conseils pourriez-vous donner aux femmes qui hésitent encore à se lancer dans entrepreneuriat ?
Je me devrais avant tout de rappeler à chaque femme, que par ses compétences, ses rêves, ses ambitions et son audace, elle s’érige comme une actrice clé du développement économique et durable, mais surtout que chacune d’entre elle est avant tout, le porte-drapeau d’une révolution sociale qui est en marche et nécessaire, pour faire évoluer les mentalités.
J’encourage ces femmes à croire à leur engagement et à leur audace, elles ne doivent pas hésiter à mettre à contribution leur énergie, leur imagination, leur savoir et leur soif de découverte, afin de s’engager sur la voie du succès. L’entrepreneuriat peut-être un chemin solitaire, mais je les encourage à faire vivre leur audace créative en se faisant accompagner, pour se doter des compétences nécessaires à cette initiative.
Les femmes entrepreneures s’érigent également comme des modèles auprès de jeunes générations qui redoubleront d’ambitions pour marcher dans leurs pas…favorisant ainsi l’intégration sociale et le développement durable !
Un leitmotiv ?
« Feed your spirit ! Believe in yourself ! » (Nourris ton esprit, crois en toi !), est un adage que je m’efforce d’appliquer au quotidien, en prenant chaque jour comme une nouvelle opportunité, une nouvelle expérience me faisant le privilège d’apprendre et de grandir. Cela me permet de profiter pleinement de l’apprentissage que m’offre la vie, attisant ma curiosité pour la réalisation de mes ambitions, mais surtout pour garder un discernement mesuré pour évoluer en toute sérénité.
Vous collaborez avec Kantara International Advising depuis maintenant plusieurs années, quels sont les avantages qui ont été apportés à la Fondation Sounga ?
Nous avons en effet fait appel à Kantara International Advising en 2016, soit quasiment à la naissance de la Fondation Sounga et nous avons depuis développé une véritable relation de partenariat.
Les équipes de Kantara International Advising, nous ont accompagné depuis le départ, dans la mise en place de formations spécifiques, notamment pour l’incubateur Sounga Nga, mais également dans la conception et le déploiement de la stratégie de marketing et de communication, au niveau international où nous bénéficions d’un accompagnement pour la promotion de la Fondation Sounga et de nos projets. Ce partenariat nous a permis d’accroître notre notoriété auprès des organisations et décideurs internationaux, étendant davantage la voix de la Fondation Sounga !
Si vous deviez nous recommander à un proche que lui diriez-vous ?
Je n’hésiterais pas à recommander Kantara International Advising, avec qui nous avons développé une relation transparente, de confiance et basée sur le respect. La réactivité des équipes, la qualité de leur travail et leur savoir-faire en font véritablement un partenaire de qualité, à l’écoute de nos attentes et force de proposition, pour réaliser des ambitions qui sont devenues communes !
Danièle Sassou Nguesso
Présidente et Fondatrice
Brazzaville – Congo